Le slam de la nouvelle scène
Spectacle inédit, Slam
Circus s’est révélé au grand public les 14, 15 et 16 juin au Centre
Culturel Tjibaou. Sur la scène de
la salle Sisia, slameurs et musiciens ont tout donné : leur complicité, leur
amour pour les mots et la musique, leur force et leur passion. Concert d’un
nouveau genre.
En première partie de
la soirée, les jeunes slameurs du Rex ont investi avec assurance les planches
pour déclamer les textes de leur composition. Porté par une belle mise en scène
signée Dominique Jean, Slam Play
ouvre l’espace de la parole avec des jeunes engagés, responsables mais surtout
très doués. Inquiets pour leurs cadets, dénonçant sans complaisance la société
dans laquelle ils grandissent, ces slameurs en herbe ont des choses à dire.
Avec toute la sincérité du monde, dépouillés d’artifices, leurs textes
contiennent toute leur vérité. Une première partie revigorante dont on retiendra les appels à notre conscience
d’adultes mais aussi le message d’espoir et de confiance quant à l’avenir. Comme son frère le rap, le slam
« s’encre » dans une réalité universelle qu’il s’empresse de délivrer
à travers ses mots. Slam Circus est un projet porté par le Centre Culturel
Tjibaou qui a su comprendre cette urgence en donnant la possibilité à plusieurs
artistes de se rencontrer pour travailler ensemble.
N’est
rouge que le mot
Sur scène :
quatre musiciens et quatre slameurs, entre notes et rimes, rythmes et lyrismes,
bambous tempérés et verve inspirée, la partition est commune comme le message
qu’ils véhiculent. À travers leurs diverses expressions, les artistes invitent
les spectateurs à réveiller l’humanité. « Mesdames et messieurs nous vous
souhaitons la bienvenue en terre des hommes ». Les paroles sont saillantes
sans jamais d’amertume. Poésie et humour sont les balles de ces saltimbanques
du verbe qui jonglent avec virtuosité : jeux de mots, jeux de rythmes,
inventions, vitesse, « virelangues » et pirouettes, des prouesses du
langage simplement renversantes. Rouda
et Lyor, issus du collectif de slameur 129H, ont parcouru les 22 000 kilomètres
les séparant de la Nouvelle-Calédonie pour échanger leurs slams avec les
calédoniens. Leur valise pleine de mots est passée de mains en bouches jusque
sur la scène. Élément de scénographie à part entière, la valise se transforme
tout au long du spectacle. D’abord représentée comme le symbole de la
rencontre, elle est ensuite le savoir que l’on transmet, le piédestal pour les
plus jeunes, puis l’âtre d’un feu de bois autour duquel on se réchauffe. Les
images sont belles, grâce notamment aux animations graphiques en 3D projetées
en « mapping » sur des structures en relief de Nicolas Molé. À la fois poétique et politique le
spectacle est aussi visuel que musical.
Sans parler des énergies qui animent chaque slameur dans leur
interprétation. Paul Wamo transcende l’espace avec la présence éveillée d’un
homme qui regarde devant lui. Le
pays n’est jamais loin. Il est même sous leurs pieds, la scène de toutes les
rencontres.
Léna Quillier