lundi 1 août 2011

Eileen Shakespeare plastifiée !


Et si Shakespeare n'avait jamais existé ? et si ce n'était pas lui le seul créateur de son oeuvre ? Allons encore plus loin ; et si il avait tout pompé à sa soeur ?
Les suppositions d'une éventuelle "non-existance" du dramaturge ont fait l'objet de nombreux écrits avec comme problématique d'encrage ; comment un seul homme aurait pu produire autant d'ouvrages diversifiés et d'une si grande érudition. Sa biographie demeure également un mystère, des trous et plusieurs anachronismes viennent creuser les interrogations. Le sujet interpelle et exalte les imaginaires.
Olivia Duchesne, comédienne et metteur en scène du territoire a choisi d'incarner ce doute à travers l'éloquente pièce de Fabrice Melquiot, Eileen Shakespeare. Ce texte est intéressant de part la pertinence de son style et du propos. Shakespeare a aimé écrire sur la travestissement. Dans Comme il vous plaira ou dans La nuit des rois il se délecte à danser d'une apparence à une autre, jouant sur l'identité et l'ambiguité des relations "homme/femme". Fabrice Melquiot s'est emparé du thème en remettant en cause le sexe du dramaturge anglais. Et si Shakespeare était une femme ?
Malheureusement la mise en scène et l'interprétation de la comédienne ne suivent pas la ligne de la pièce. Le relief n'est jamais apporté sur cette double identité. Il n'est question que de féminisme bateau et de soulignage grossier du texte. L'esthétique est travaillé mais ne constitue en rien une interprétation intelligente ou même de "bon-goût". Les costumes vont en contradiction avec le caractère libéré du personnage. Olivia Duchesne nous propose un défilé de robes froufroutantes aux coloris changeant. Rien qui ne puisse faire ressortir la complexité du personnage. Tout est de trop, la surenchère des lumières, les noirs à répétition, la musique figurative ... seul le jeu n'est pas assez. La retenue de la comédienne empêche tout débordement d'émotion. C'est lisse, plat, plastifié.
On notera tout de même certains éléments poétiques qui dénoteront de la monotonie du spectacle comme cette plume, emblème du génie de l'écrivain(e) qui, au fur et à mesure grossira, grossira jusqu'à trainer sur le sol à la fin de sa vie et de ses derniers mots.

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