vendredi 15 juin 2012

Le slam de la nouvelle scène


Spectacle inédit, Slam Circus s’est révélé au grand public les 14, 15 et 16 juin au Centre Culturel Tjibaou.  Sur la scène de la salle Sisia, slameurs et musiciens ont tout donné : leur complicité, leur amour pour les mots et la musique, leur force et leur passion. Concert d’un nouveau genre.

En première partie de la soirée, les jeunes slameurs du Rex ont investi avec assurance les planches pour déclamer les textes de leur composition. Porté par une belle mise en scène signée Dominique Jean, Slam Play ouvre l’espace de la parole avec des jeunes engagés, responsables mais surtout très doués. Inquiets pour leurs cadets, dénonçant sans complaisance la société dans laquelle ils grandissent, ces slameurs en herbe ont des choses à dire. Avec toute la sincérité du monde, dépouillés d’artifices, leurs textes contiennent toute leur vérité. Une première partie  revigorante dont on retiendra les appels à notre conscience d’adultes mais aussi le message d’espoir et de confiance quant à l’avenir.  Comme son frère le rap, le slam « s’encre » dans une réalité universelle qu’il s’empresse de délivrer à travers ses mots. Slam Circus est un projet porté par le Centre Culturel Tjibaou qui a su comprendre cette urgence en donnant la possibilité à plusieurs artistes de se rencontrer pour travailler ensemble.

 N’est rouge que le mot

Sur scène : quatre musiciens et quatre slameurs, entre notes et rimes, rythmes et lyrismes, bambous tempérés et verve inspirée, la partition est commune comme le message qu’ils véhiculent. À travers leurs diverses expressions, les artistes invitent les spectateurs à réveiller l’humanité. « Mesdames et messieurs nous vous souhaitons la bienvenue en terre des hommes ». Les paroles sont saillantes sans jamais d’amertume. Poésie et humour sont les balles de ces saltimbanques du verbe qui jonglent avec virtuosité : jeux de mots, jeux de rythmes, inventions, vitesse, « virelangues » et pirouettes, des prouesses du langage simplement renversantes.  Rouda et Lyor, issus du collectif de slameur 129H, ont parcouru les 22 000 kilomètres les séparant de la Nouvelle-Calédonie pour échanger leurs slams avec les calédoniens. Leur valise pleine de mots est passée de mains en bouches jusque sur la scène. Élément de scénographie à part entière, la valise se transforme tout au long du spectacle. D’abord représentée comme le symbole de la rencontre, elle est ensuite le savoir que l’on transmet, le piédestal pour les plus jeunes, puis l’âtre d’un feu de bois autour duquel on se réchauffe. Les images sont belles, grâce notamment aux animations graphiques en 3D projetées en « mapping » sur des structures en relief de Nicolas Molé.  À la fois poétique et politique le spectacle est aussi visuel que musical.  Sans parler des énergies qui animent chaque slameur dans leur interprétation. Paul Wamo transcende l’espace avec la présence éveillée d’un homme qui regarde devant lui.  Le pays n’est jamais loin. Il est même sous leurs pieds, la scène de toutes les rencontres.

Léna Quillier

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