mardi 13 septembre 2011

Emergence


La baie des dames

La danse des âmes du bagnes

Le bagne en Nouvelle Calédonie c'est l'histoire d'hommes et de femmes condamnés et répudiés jusqu'au bout du monde. Crimes, vols, révolte ou insoumission peut importe, la solution pour s'en débarrasser est simple et radicale ; un exil, un arrachement, une expatriation si lointaine qu'aucune des racines de ces hommes et femmes ne pouvaient survivre, noyées déjà bien avant la fin de l'océan. Comment poursuivre leur vie de forçat banni du pays qui les a vu grandir ? Tout espoir d'un retour est l'illusion d'un condamné à mort espérant l'absolution.
La baie des dames raconte ce déracinement et la souffrance de 8 femmes bagnards de l'année 1874. A travers les différents tableaux, le spectateur découvre le quotidien des détenues. Leur peine est mise à nue. Des corps s'échappent des cris de rage et l'on ne peut que ressentir et toucher des yeux les restes de douceur et de sensualité exaltées par la douleur.
Les chorégraphies sont pleines d'originalités. Les danseuses jouent avec les expressions, passant du rire au drame et de la complicité à la solitude. Leur générosité apporte une fraicheur au spectacle. La scène de couture figurée par un ruban de bolduc rouge est délicieuse et offre un visuel pertinent. L'aspect figuratif n'enlise pas pour autant la contemporanéité du spectacle. Les images sont donc bien travaillées, notamment grâce aux robes simples, fluides et tellement efficaces mais aussi grâce à la création lumière de qualité encore signée Lo-Amy qui dévoile de nouveaux son goût pour un univers ambré (cf Shok?!).
S'il y avait un "mais" à cette création, et il y en a toujours un... le nombre important des danseuses met en valeur certaines scènes mais en dessert d'autres surtout lorsque le niveau des interprètes n'est pas équilibré ce qui est le cas ici. Le final laisse dubitatif. Une des danseuse s'éloigne peu à peu du groupe et finit par traverser l'avant scène enroulée dans un voile de marié ... une autre forme d'emprisonnement ?



La femme Océan

Du mot au corps

Les corps à fleur de peau et les sens en émois, voilà les deux approches que nous proposent la compagnie Origine et la compagnie de théâtre Cris pour habiter Exils dans ce spectacle inspiré de textes de Marguerite Duras.
L'amour passionnel et "immoral" auquel s'abandonnait la grande écrivaine est retranscrit par des danses sensuelles et notamment un tango que le spectateur découvre sur un grand écran en fond de scène. Ces images sont d'un kitch frôlant le mauvais goût ; les couleurs sont criardes et au delà de la performance sertes réussie l'ensemble de la chorégraphie est bien niaise. Fort heureusement ce premier tableau n'est pas représentatif du reste du spectacle et l'on découvre peut à peut les pièces d'un intéressant puzzle qui trouve sa véritable forme dans la recherche contemporaine.
Ainsi les tableaux se suivent et se mêlent avec comme fil conducteur les dialogues du film Hiroshima mon amour. Les extraits musicaux sont bien choisis et soulignent judicieusement les voix et les images projetées sans cesse sur l'écran. La mise en scène est très bien soignée. Rien à dire sur le rythme non plus qui alterne moments dansés, vidéo, pause avec tempo et justesse. Un travail dans l'ensemble bien mené mais qui pâtis tout de même de quelques maladresses visuelles.
Marguerite Duras aborde les thèmes qui croisent sa vie et sa plume. L'amour, la guerre, les océans qu'elle a traversé et qui sont en elle ... La puissance de ses mots résonnent encore et toujours plus fort. La danse impulse ces mots et nous invite à (re)découvrir l'oeuvre et la profondeur de cette femme océan.

A voir au centre culturel Tjibaou le Jeudi 15, vendredi 16 et samedi 17 septembre à 20h, salle Sisia.

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