lundi 22 août 2011

Attention, choc scénique !



Shok?! est un cri du ventre et de la terre. C'est d'abord les basses vibrantes des lourds bambous sur le sol, c'est aussi l'exclamation des corps et puis c'est la voix des hommes qui chantent et clament leur existence.


Le spectacle est un hymne à la tradition. Au commencement le rythme, pilier du travail de création et saillant reflet de la danse et de la musique en pays Drehu. Mais comme l'Histoire n'est rien sans le présent, la tradition ne serait rien sans la contemporanéité. Paul Wamo s'est encré dans la réalité qui l'entoure ; les problèmes de société, la ville, la mémoire d'un pays, les rapports humains. L'apport traditionnel impulse des questionnements ; où est la place du traditionnel aujourd'hui ? est-il une forme fixe, définie, scellée ? Le slameur et tout nouveau metteur en scène explore ainsi les mouvances d'une culture certes enracinée mais toujours bien vivante.


Le mélange slam/danse est mené avec efficacité créant une musicalité voix/corps détonante. Parfois danseur, parfois conteur, le poète se laisse emporter par la danse. Il est le fil conducteur, le liant. À part et pourtant au centre, il annonce la modernité.


La création lumière s'amuse avec les corps et les déplacements. Elle réfléchit une ambiance ocrée et brut tout au long du spectacle mettant en valeur l'amplitude des interprètes sur scène.
Des interprètes qui se révèlent tous différents apportant leurs touches personnelles soit par leur densité, leur regard soit par leur corps, leur allure. La diversité du spectacle immerge le spectateur et l'engage, le coeur haletant à ouvrir les yeux sur une nouvelle forme scénique, sur de nouveaux codes artistiques.


Cette création n'est que le début d'une grande aventure. Elle ouvre les débats et poursuit sur la lancé de Pomémi (mise en scène d'Anne-Sophie Conant et chorégraphie de Richard Digoué, ouverture du festival des arts mélanésiens, septembre 2010) ; bousculer les genres et les cultures et donner forme à la réflexion contemporaine artistique de Nouvelle Calédonie.



jeudi 18 août 2011

Dessine moi un spectacle


C'est une belle histoire, berceuse d'une enfance pas si lointaine que ça, chef d'oeuvre poétique et inestimable de la littérature Française. Un conte philosophique d'une richesse allégorique et imaginaire sans fin. Oui nous sommes d'accord Le Petit Prince représente tout cela et bien plus encore ...
En mettant en scène le texte de Saint Exupéry les Incompressible se sont attaqués à du très très lourd ! Il en fallait du courage pour suivre notre petit héros au grès de ses nombreux voyages. Et on peut dire que le résultat est honorable. Bravo à ces trois artistes qui ont su avec talent réveiller la magie du récit.
La réalisation plastique est magnifique. Les masques de commedia dell'arte épousent les traits de chaque personnage avec finesse et drôlerie. On se laisse emporter par l'histoire avec plaisir. La poésie est au rendez-vous sans oublier les étoiles.
Peut-être pouvons nous reprocher au spectacle d'infantiliser un soupçon de trop le message du conte. Pas besoin de répéter quatre fois la même chose, les enfants saisissent l'essentiel même parfois plus rapidement que les adultes. Antoine de Saint-Exupéry l'avait déjà bien compris ...
A voir sous le Chapitô demain soir Samedi 20 Août à 19h30 !!

lundi 1 août 2011

Eileen Shakespeare plastifiée !


Et si Shakespeare n'avait jamais existé ? et si ce n'était pas lui le seul créateur de son oeuvre ? Allons encore plus loin ; et si il avait tout pompé à sa soeur ?
Les suppositions d'une éventuelle "non-existance" du dramaturge ont fait l'objet de nombreux écrits avec comme problématique d'encrage ; comment un seul homme aurait pu produire autant d'ouvrages diversifiés et d'une si grande érudition. Sa biographie demeure également un mystère, des trous et plusieurs anachronismes viennent creuser les interrogations. Le sujet interpelle et exalte les imaginaires.
Olivia Duchesne, comédienne et metteur en scène du territoire a choisi d'incarner ce doute à travers l'éloquente pièce de Fabrice Melquiot, Eileen Shakespeare. Ce texte est intéressant de part la pertinence de son style et du propos. Shakespeare a aimé écrire sur la travestissement. Dans Comme il vous plaira ou dans La nuit des rois il se délecte à danser d'une apparence à une autre, jouant sur l'identité et l'ambiguité des relations "homme/femme". Fabrice Melquiot s'est emparé du thème en remettant en cause le sexe du dramaturge anglais. Et si Shakespeare était une femme ?
Malheureusement la mise en scène et l'interprétation de la comédienne ne suivent pas la ligne de la pièce. Le relief n'est jamais apporté sur cette double identité. Il n'est question que de féminisme bateau et de soulignage grossier du texte. L'esthétique est travaillé mais ne constitue en rien une interprétation intelligente ou même de "bon-goût". Les costumes vont en contradiction avec le caractère libéré du personnage. Olivia Duchesne nous propose un défilé de robes froufroutantes aux coloris changeant. Rien qui ne puisse faire ressortir la complexité du personnage. Tout est de trop, la surenchère des lumières, les noirs à répétition, la musique figurative ... seul le jeu n'est pas assez. La retenue de la comédienne empêche tout débordement d'émotion. C'est lisse, plat, plastifié.
On notera tout de même certains éléments poétiques qui dénoteront de la monotonie du spectacle comme cette plume, emblème du génie de l'écrivain(e) qui, au fur et à mesure grossira, grossira jusqu'à trainer sur le sol à la fin de sa vie et de ses derniers mots.